En route pour Pingyao, c’est notre prochaine étape après Pékin. Cette ville, très ancienne, a vu sa muraille et ses temples être reconstruits une multitude de fois, traversant les dynasties, les guerres et les incendies. Pingyao a toujours eu de l’importance au cours de l’histoire de la Chine puisque c’est par cette ville que circulait énormément de marchandises et d’argent, en transit entre la capitale et le reste de la Chine. C’est ici que s’est créee la première banque chinoise.La partie la plus ancienne de la ville est composée de nombreuses rues perpendiculaires, et entourée par une grande muraille comprenant 6 portes. Vu du ciel, cela ressemble à une tortue 🐢 avec sa tête au sud, ses 4 pattes à l’est et l’ouest, la queue au nord, et l’ensemble des différentes rues forment sa carapace.

Nous sentons bien en arrivant à l’intérieur de l’enceinte des remparts que c’est surtout une ville très touristique de nos jours mais les touristes aux yeux ronds ont quasiment disparu.En traversant les différents musées de la ville, facilité par un billet unique, on navigue entre les anciennes banques, les temples, l’ancienne fabrique de change et les anciennes sociétés de transport monétaire qui s’occupaient notamment de la sécurité. Cela représente une vingtaine de sites et l’on peut également monter sur les remparts qui font le tour de la vieille ville.

Nous y restons une journée et demie. Maintenant que l’on est dans le Shanxi on goûte les spécialités de la région qui diffèrent un peu de celles de Pékin. On aura l’occasion d’en goûter d’autres en allant dans le Shaanxi, dans la ville de Xi’an, grâce à un nouveau train de nuit.

Par l’intermédiaire de deux trains de nuit, Beijing – Pingyao et Pingyao – Xi’an, nous effectuons plus de 1 000 km au sud ouest et pour autant nous n’avons pas traversé la moitié de la Chine.Avec un seul unique fuseau horaire pour toute la Chine, on apprécie de voyager vers l’ouest pour voir le soleil se coucher plus tard.

Xi’an est une mégalopole de 6,5 millions d’habitants mais n’est même pas dans le top 10 des villes les plus peuplées de Chine. C’est incroyable de constater la grandeur des villes, comparé à ce que l’on connaît chez nous à Paris avec son petit million d’habitants (qui se réduit chaque année en plus).Nous sommes tombés sur un classement des 50 villes les plus peuplées de Chine … la 50 ème comprend 1,8 millions d’habitants. Donc oui, aucune ville de France ne pourrait apparaître dans ce classement mais ce n’est pas pour autant l’anarchie.

Tous les trottoirs sont très propres, balayés plusieurs fois par jour, même les feuilles sont bannies des trottoirs. Le tri sélectif est présent à chaque poubelle. L’ensemble des 2 roues en ville sont passés à l’électrique.Il y a des postes de gardes partout, des contrôles de sécurité à chaque endroit accueillant des touristes ainsi que dans les gares. Il y a plus d’ordre que chez nous : des obligations de circuler dans un seul sens dans les gares, dans les lieux touristiques (même déserts). L’accès à des bâtiments ou à certains trottoirs sont fermés, sans que nous comprenions les raisons apparentes. Des barrières empêchent de traverser à sa guise sur les grandes avenues. Cela crée des attroupements dans de très nombreuses situations avec des chinois qui cherchent constamment à doubler, n’hésitant pas à bousculer. C’est une mentalité différente, avec des villes plus peuplées, qui nous surprend souvent, mais on est heureux de ce dépaysement quasiment total.

Le dépaysement était encore plus grand en explorant le quartier musulman de la ville de Xi’an, avec sa grande mosquée et ses rues de street food qui l’entourent. Il nous a été difficile de nous arrêter tant les nouveautés et les plats alléchants y sont présents, on y a fait beaucoup de découvertes toujours très bonnes.

On est surpris par les habitudes de paiement car la grande majorité des achats se passe par l’intermédiaire d’une application qui génère des QRcode. Ce système est même utilisé pour acheter des clémentines sur le marché. Il y a des vélos en libre service en très très grand nombre sur les trottoirs qui s’activent eux aussi grâce à des QRcode. La carte d’identité des Chinois est magnétisée, leur permettant de passer rapidement des bornes d’accès. Le réseau 5G est sorti depuis un moment ici puisque tous les téléphones vendus sont compatibles. On perçoit des évolutions qui mettent du temps à arriver chez nous mais en même temps on voit des poulets entiers sur les établis, des pièces de viande posées directement sur les tables, les fruits et légumes sur un drap sur le sol, des femmes portent des paniers à la force de leur dos et de leur tête. Un vrai contraste, comparable à la vision de quartiers de hutongs au milieu de quartiers comprenant des tours immenses toujours plus grands et toujours plus nombreux.

Ce n’est pas pour la vision de ses grands immeubles que nous sommes arrêtés à Xi’an. C’est aussi la ville où se trouve la fameuse armée en terre cuite. Le lieu est éloigné d’une quarantaine de kilomètres de la ville. Il a été découvert par un agriculteur qui pensait creuser un trou pour créer un puit et qui est tombé sur la tête d’un de ces fameux soldats. Il s’avere que ce sont les soldats du premier empereur de Chine, celui qui a réussi à réunir l’ensemble des 5 royaumes de Chine en -350 avant JC et qui a donné son nom à sa dynastie, la dynastie Qin. Cet empereur a souhaité que repose à ses côtés son armée pour qu’elle le protège dans l’au-delà. Le site est composé de 3 halls différents qui nous dévoilent, pièce après pièce, la démesure de cet empereur, composé d’environ 8000 soldats découverts, tous avec des traits et éléments différents les uns des autres qui démontre du travail et de la précision des différentes œuvres qui sont devant nos yeux. C’est vraiment incroyable de traverser ces différents halls, d’y voir également des chevaux, des chars et d’apprendre que l’ensemble de ces sculptures étaient en plus peintes de différentes couleurs. Malheureusement lorsque la sculpture est dévoilée, sous l’effet de l’air et de l’humidité, toutes ses couleurs disparaissent en seulement trois jours. C’est pourquoi les recherches ont été arrêtées, le temps que la technologie et la science permettent de préserver ces œuvres vieilles de plus de 2000 ans. Apparemment les japonais disposeraient d’une telle technologie mais le gouvernent chinois préfère prendre son temps et bloque les investigations dans la région. Il y a même une loi qui dit qu’une personne qui découvrirait un soldat en terre cuite dans la région risquerait la prison à vie. Cette mesure empêche voire même ralenti le développement des gros prometteurs immobiliers de la région qui n’osent pas construire de grandes tours de peur de se risquer à creuser trop profond.